Affiches Artistiques

Toulouse Lautrec Aristide Bruant

Toulouse Lautrec Moulin rouge La Goulue

Toulouse Lautrec La troupe de Mlle Eglantine

Toulouse Lautrec Jane Avril Jardin de Paris

Toulouse Lautrec Poster Artist


Les petites phrases de Toulouse Lautrec

« Les crayons c'est pas du bois et de la mine, c'est de la pensée par les phalanges » Henri de Toulouse-Lautrec

«L'amour, c'est quand l'envie vous prend qu'on ait envie de vous.»
Henri de Toulouse-Lautrec

«Quand on dit qu'on se fout de quelque chose, c'est qu'on ne s'en fout pas.»
Henri de Toulouse-Lautrec

«On ne meurt pas d'un trou à son pantalon, sauf si l'on est scaphandrier.»
Henri de Toulouse-Lautrec

«La peinture, c'est comme la merde ; ça se sent, ça ne s'explique pas.»
Henri de Toulouse-Lautrec

«L'automne est le printemps de l'hiver.»
Henri de Toulouse-Lautrec

Les affiches de Lautrec

Les affiches de Lautrec ont laissé dans l'inconscient collectif une trace profonde et continuent aujourd'hui d'exercer une fascination. Et; sans elles, qui se souviendrait aujourd'hui de la Goulue, de Jane Avril, d'Yvette Guilbert, de May Belfort, de May Milton, de l'humoriste Caudieux et de tant d'autres ?

Lautrec va fixer à jamais l'éphémère de la vie nocturne. Loin de se limiter qu'au seul monde du spectacle, Lautrec fera des affiches pour des frontispices de livres, tel "Babylone d'Allemagne", pour certains artisans comme le photographe Sescau, ou sur le monde du cyclisme avec "La chaîne Simpson". La condition indispensable de toute affiche et de créer un choc.

De grands artistes se sont employés à cette technique. Retenons Daumier, Chéret, Steinlein, qui ont usé des mêmes méthodes pour leur oeuvre peinte et leurs affiches. Lautrec a su innover l'affiche par l'acuité de son regard et son sens de la synthèse liés à une technique éblouissante, mais surtout inventive. "Personne ne reverra le prodige qu'aura fait éclater sur les murs de Paris, à la fin du siècle dernier, l'apparition des affiches de Lautrec", témoigne Thadée Natanson qui dirige alors avec son frère la "Revue Blanche", publication qui va, durant dix ans, se partager avec le "Mercure de France" la tâche de faire de leurs journaux une tribune des avant-gardes. Cette tribune est un tremplin pour l'oeuvre de Lautrec et pour bien d'autres artistes. Déjà passionné par la gravure, c'est tout naturellement que Lautrec s'oriente vers l'affiche, guidé par Pierre Bonnard dont l'affiche "France Champagne", 1891, venait de remporter un vif succès. "Avec Lautrec et ses affiches, c'est l'art qui descend dans la rue", déclare Thadée Natanson.

Le véritable phénomène pour l'histoire de l'art vient de l'engouement du public pour les affiches de Lautrec. Pour la première fois peut-être le public alla droit vers une forme d'art considérée d'avant-garde, alors que nombre d'artistes, critiques et collectionneurs n'avaient que répulsion pour les compositions insolites de Lautrec, ses procédés picturaux comme la crudité des visages ou la déformation voulue pour rendre la figure plus expressive. L'affiche pour le "Moulin Rouge" est la première affiche moderne, véritable oeuvre d'art que les collectionneurs, très vite, recherchent, allant jusqu'à les faire décoller des murs où elles sont apposées. Zola dans "L'Oeuvre" (1886) montre des jeunes peintres qui, rue de Seine, insultent l'Académie des beaux-arts tandis qu'une "affiche tirée en trois couleurs", servant de réclame à un cirque, leur fait pousser des cris d'admiration. Félix Fénéon, dans la revue anarchiste "Le Père peinard", exhorte ses lecteurs à arracher les plus belles affiches des murs de Paris pour "se procurer de la peinture plus harf que les croûtes au jus de réglisse qui font la jubilation des trous du cul de la honte".

Une affiche de Chéret de la même période paraît comme trop convenue à côté des compositions surprenantes de Lautrec. Avec des affiches comme "Moulin Rouge" ou "Divan Japonais", on a une vision de la modernité en art.

Quand Lautrec arrive tôt le matin chez ses imprimeurs, Chaix, Ancourt ou le père Cotelle. Il se débarrasse de sa veste, enfile un tablier et participe au tirage des essais, dessinant de nouvelles figures sur les pierres avec une fermeté de traits remarquable, trouvant de saisissants raccourcis par la manière ramassée et elliptique de décrire une scène en mouvement. Incroyable résistance physique de cet homme qui possède, en dépit d'excès sans fin, une sûreté de la main qu'il conservera presque jusqu'au terme de sa vie.

Lautrec procède toujours de la même façon, "affaire de teknick" disait-il souvent d'un ton blagueur. Il débute par un dessin préparatoire au fusain, fait des cartons peints avec une peinture très diluées à l'essence qui rend plutôt un effet d'aquarelle. Puis vient le passage sur les pierres lithographiques.

exemple de trois étapes pour l'affiche "Caudieux" :

Dès ses premières affiches, Lautrec innove. Il réduit le spectre des couleurs au jaune, au rouge, au bleu et au noir. Les noirs de Lautrec sont extraordinaires. Il va du reste en faire la base de ses affiches qui sont aussi la synthèse de son art. Il obtient des verts olive particulièrement profonds, fruits de savants mélanges d'encres dont il fera grand usage pour la lettre. Lautrec emploie aussi une technique utilisée par de nombreux affichistes : le crachis. C'est une pluie fine d'encre faite à partir d'un couteau que l'on passe sur une brosse à dents encrée. Grand admirateur des maîtres de l'estampe japonaise, Lautrec avait retenu de leurs oeuvresqu'il était possible d'obtenir avec "des couleurs simples et juxtaposées, des résultats aussi francs qu'avec des couleurs nombreuses et superposées". Il s'approche également de l'art japonais par son dessin qui semble jaillir spontanément, cernant chaque figure par un trait vigoureux. En fait pour chaque affiche, Lautrec exécute une quantité d'états différents avant de trouver les tons justes. Certains de ces essais sont uniques, d'autres tirés à seulement 20 exemplaires ou plus. Certains états sont avec la lettre, c'est à dire avec le texte de l'affiche définitive, d'autres sont d'abord des recherches sans le texte.

Parfois il change la couleur de la lettre, il expérimente différends fonds. Chaque affiche exige une extraordinaire suite de recherches sur les couleurs, le dessin et l'emplacement du texte qui ne doit pas être préjudiciable à la composition. Lautrec a parfaitement compris que l'affiche est avant tout destinée à une forme de communication. il faut que l'affiche s'impose à l'attention des gens par des effets irrésistibles. Il apprend donc à supprimer le détail superflu. Le modelé disparaît pour des fonds de couleurs en aplat.

Lautrec meurt au début du 20ème siècle, mais la postérité de ses affiches ne fait que croître. Elle a imprégné chaque génération de créateurs par cette acuité d'esprit et cette sensibilité qui sont le propre de ces artistes visionnaires.

Etrange coïncidence, la mort de Lautrec correspond avec les lois de 1901 sur les associations. A la place de ses affiches reste le fameux "Défense d'afficher" !


1. Toulouse-Lautrec lithographe

L’affiche connaît un large développement après la promulgation de la loi du 29 juillet 1881 qui consacre la « liberté de la Presse » et proclame le libre affichage.
Jules Chéret, peintre et affichiste introduit et développe l’usage de la couleur dans la lithographie. En 1889 il est l’auteur de l’affiche qui lance le bal du Moulin Rouge.
La première affiche « Moulin-Rouge, la Goulue » commandée en 1891 à Lautrec par Zidler, directeur du célèbre cabaret, est un succès. Elle incite Lautrec à s’engager dans la création d’affiches et plus largement de lithographies. Entre 1891 et 1900, Henri de Toulouse-Lautrec crée 31 affiches et près de 325 lithographies qui lui permettent de se faire connaître d’un plus large public. Lautrec, admiratif devant l’affiche « France-Champagne » conçue par Pierre Bonnard en 1891, se fait conduire par l’artiste chez l’imprimeur Ancourt. Le père Cotelle, l’un des ouvriers, l’aurait initié à la technique de la lithographie. Le peintre travaille aussi avec l’imprimerie Chaix qui, en 1881, a racheté les ateliers Jules Chéret.

Dans ces ateliers, Toulouse-Lautrec a à sa disposition un personnel spécialisé. Il réalise lui-même la pierre de trait et les reports sur les pierres de couleur pour les petits formats à partir de ses dessins préparatoires au fusain et de ses cartons peints avec une peinture très diluée à l’essence. Les techniciens préparent les pierres, les encrent, reportent les dessins, veillent au calage et s’occupent du tirage pour les estampes de dimensions plus grandes. À partir de 1893, Lautrec renonce aux dessins préparatoires et compose directement sur la pierre. Il utilise le pinceau ou le crayon dans ses premières estampes et incorpore avec brio le crachis, projection d’encre produite au moyen d’une brosse à dents que l’on trempe dans l’encre lithographique.

Chaque composition reflète son souci de lisibilité. Lautrec reprend les principes des estampes japonaises. Le dessin prime toujours : lignes ondoyantes ou tracés nerveux, premiers plans occupés par des silhouettes coupées arbitrairement et cernées d’un trait épais, figures planes et stylisées. Le traitement de la couleur transforme l’image en affiche : de larges aplats de couleurs pures et contrastées visant à attirer le regard des spectateurs. Il conçoit l’affiche comme un outil de communication : messages brefs et efficaces, parfois répétés pour frapper les esprits.
Sa réflexion porte autant sur l’image que sur le lettrage, sa forme et sa disposition. Le succès d’une affiche tient dans le choc qu’elle crée, dans l’immédiateté de ce qu’elle donne à lire et à voir. Lautrec révolutionne la technique de l’affiche en y apportant fraîcheur et inventivité et préfigure l’art publicitaire contemporain. La plupart de ses lithographies ont été tirées à un petit nombre d’exemplaires : éditions allant de 12 à 100 épreuves pour lesquelles la presse à bras était utilisée. La reconnaissance immédiate de la critique et des amateurs justifie des tirages restreints pour les collectionneurs.

2. L’affiche comme témoignage

Si les affiches de Toulouse-Lautrec portent en elles le sceau de la modernité, elles évoquent la mémoire de Paris fin de siècle. Lautrec prend pour thèmes les scènes de café-concert, les scènes de théâtre, les acteurs et les actrices. Les affiches sont autant de témoignages du monde du spectacle de cette époque. « Moulin Rouge, la Goulue » met en exergue Louise Weber dite la Goulue et Valentin le désossé en proposant une vision forte, réelle et synthétisée du légendaire « cancan ». « Ambassadeurs, Aristide Bruant » met en scène le créateur du cabaret Le Mirliton, devenu le chansonnier réaliste vedette d’un des cafés-concerts les plus réputés de l’époque, Les
Ambassadeurs.

On se souvient de May Milton, danseuse de café théâtre d’origine anglaise, de Jane Avril , danseuse et amie de Lautrec, d’Yvette Guilbert qui a refusé l’affiche proposée par Lautrec, de l’imposante stature du comique Caudieux surnommé « l’Homme-canon ».
Lautrec ne fixe pas seulement la vie nocturne. Il crée des affiches pour l’édition. « Reine de Joie, Moeurs du demi-monde » (1892) et « Babylone d’Allemagne » (1894) annoncent les romans de Victor Joze.

Lautrec conçoit des annonces pour des feuilletons qui paraissent dans Le Matin « Au pied de l’échafaud » (1893), et dans La Dépêche de Toulouse « Le Tocsin » (1895). Les frères Natanson lui commandent la couverture de leur revue d’avant-garde, « La Revue Blanche » (1895).
Le succès et la modernité de ses affiches l’amène à créer des images publicitaires pour un fabricant d’encre américain « Au concert ou Ault et Wiborg Co » (1896), pour son ami « Le Photographe Sescau » (1896), pour la papeterie londonienne J. et E. Bella « Confetti » (1894), pour une firme de bicyclettes anglaises qui a inventé un nouveau modèle de chaîne « La Chaîne Simpson » (1896).

En 1899-1900 Lautrec réalise sa dernière affiche. « La Gitane », incarnée par l’actrice Marthe Mellot, illustre une pièce de théâtre de Jean Richepin.